lundi 19 septembre 2011

Julian Beck : lettres autographes et documents autour de la création de "Paradise Now" par le Living Theatre

Beck, Julian
(1925-1985) acteur, metteur en scène et poète américain

Ensemble de 3 lettres autographes signées, 2 lettres tapuscrites signées, 2 tapuscrits, 1 manuscrit

  • (a) [Rome], 3 février 1968. 1 carte postale, 13 lignes autographes signées.


Il est à Rome, en route vers Cefalù en Sicile et prépare les répétitions de Paradise Now. « Tout marche bien, nous serons bientôt à Cefalù, grâce à toi. Nous avons déjà commencé les répétitions ici à Rome, Amen. Voyage sombre, voyage éclairé. Voyage dangereux, sérieux, joyeux, et j’espère nécessaire parce que… la faim, la vanité. Toujours avec amour (révolutionnaire). »
 
  • (b) Cefalù, 11 avril 1968. 1 lettre tapuscrite signée, 1 p. in-4 sur papier à en-tête du Living Theatre, 32 lignes, ratures et corrections autographes.


Importante lettre concernant la genèse du scandale Paradise Now. Il commence par expliquer que les difficultés qu’il a pu avoir à son arrivée au village du Club Méditerranée à Cefalù n’en étaient pas ou n’en sont plus : « quand nous sommes arrivés nous avons eu des difficultés de chauffage, et il y avait des choses un petit peu inconvenables ; mais toutes ces choses sont depuis longtemps résolues, et même si elles continuent elles nous lient à la vie quotidienne, et on peut les compter comme des avantages, autrefois nous serions coupés de contact avec la vie, nous serions trop de l’air, d’une forme de spiritualité trop aérienne. » Il y est surtout très productif et prépare activement la Révolution : « je compte ce période ici à Cefalù parmi les périodes de ma vie les plus profonds, les plus satisfaisants. Trois mois de ne faire rien d’autre que de penser aux solutions des problèmes les plus urgentes, les plus graves, trois mois pour construire une carte, une formule pour chercher un moyen pour avancer l’arrivée de la révolution (je parle d’une révolution contre tous les formes de la violence et auquel on parvient sans violence), trois mois pour étudier ces problèmes dans une atmosphère, même s’il soit un petit peu artificiel, néanmoins splendide – la mer, printemps en Sicile, et cetera – une atmosphère plus que favorable à un tel travail, une atmosphère pour concentrer. Mais néanmoins en ce moment-ci je ne peux pas dire comment finira le travail, je parle du spectacle, c’est pas encore formé, mais le travail marche bien, on verra, on verra. » Il demande ensuite à Maurel s’il peut faire en sorte qu’ils puissent rester au Club jusqu’au 6 ou 7 mai.
 
  • (c) Chicago, 25 janvier 1969. 1 lettre autographe signée, 2 pp. in-4 sur papier à en-tête du Harrison Motor Hotel, 61 lignes.


Longue et belle lettre. « Je suis absolument désolé de ne pas avoir pu trouver le temps pour t’écrire. Mais depuis vingt cinq ans toutes mes lettres commencent avec cette phrase. » Il est épuisé par la tournée aux Etats-Unis, « nous jouons ou voyageons six jours par semaine et le septième nous demeurons au travail et il y a partout des interviews, la radio, la télévision », « Pierre Biner [journaliste, auteur de Le Living Theatre, histoire sans légende] voyage avec nous depuis novembre et il y a un jour, il m’a dit qu’autrefois il pensait que nous n’avons jamais le temps parce que nous sommes mal organisés ou pas vraiment dévoués au travail ou que nous fumons trop, mais que maintenant il comprend les difficultés de la vie du Living. » Paradise est « un succès stupéfiant ». et la pièce « naturellement agit, lève beaucoup de controverses partout ». « Il y a des montagnes de publicité et il n’y aura pas de difficulté pour trouver un éditeur pour le livre ici aussitôt pour que nous l’aurons fini. » Il en vient ensuite à leur « partie du travail ». Il a presque fini de rédiger le texte, mais rien ne sera prêt avant fin février. La « proposition » avance lentement, il a pris des notes et finira une première version bientôt. Il corrige la dactylographie d’un premier carnet, et d’un deuxième, la dactylographie d’un
troisième est en cours. Mais cela coûte cher et il devra payer environ 3 000 NF, ce qu’il demande à Maurel d’expliquer à l’éditeur Robert Morel. Il a du mal à obtenir une « réponse des Canadiens ». Il hésite à propos de la réponse à donner à Fayard, auquel il écrit et téléphone, parce que « selon son contrat – il me faut finir le travail six mois après d’avoir signé le contrat, et j’en ai peur un peu de ne pas pouvoir remplir cette commande », « c’est impossible de trouver les 3-4 jours desquels j’ai besoin pour faire bien le travail. » Judith et lui l’embrassent, « notre amour à toi, à Bernard toujours, et l’espoir que tu ne t’en fâches pas trop parce que le travail marche si lentement. »
 
  • (d) Boulder (Colorado), 3 février 1969. 1 lettre autographe signée, 1 p. in-4 sur papier à en-tête du Higlander Motel, 11 lignes.


Il envoie le premier carnet : « j’envoie une photocopie parce que j’ai peur d’envoyer l’original ». Il a commencé à corriger le deuxième carnet et l’envoie dans 3-4 jours. « Je suis désolé que le travail marche si lentement. Judith et moi nous faisons du bon progrès avec le texte. La proposition marche trop lentement en ce moment. »

  • (e) Essaouira (Maroc), 18 juillet 1969. 1 lettre tapuscrite signée, 1 p. in-4, 17 lignes, ratures et corrections autographes.


« Nous sommes enfin bien installés ici, dans des appartements dans des quartiers divers de la ville. Les répétitions sont déjà commencées, et Judith et moi nous travaillons tous les jours, mais comme toujours le travail marche plus lentement qu’attendu. » Les corrections des carnets sont terminées et Pierre [Biner] finit de transcrire les corrections sur les copies carbone. « J’espère d’envoyer le manuscrit (en anglais) à Pelieu et à [Charles] Orengo aujourd’hui. » Même si Judith et lui font de bons progrès, « en dépit de nos espoirs je ne prévois la fin du texte-travail jusqu’à la fin de la semaine prochaine ». Le climat est propice au travail : « c’est toujours le travail, mais ça c’est notre plus grand plaisir (en dehors de quelques autres choses…) (je suppose…) ».

  • (f) Christian Maurel : Manuscrit et tapuscrit d’une interview avec Beck et Malina : « Julian Beck et Judith Malina parlent ». 1 ½ pp sur 2 ff. in-4, 75 lignes autographes, nombreuses ratures et corrections et 4 pp. sur 4 ff. in-4 pour le tapuscrit (25 lignes par page). L’ensemble sur papier à archives du « Nouvel Observateur »
Nombreuses différences entre le manuscrit préparatoire et le tapuscrit final.



  • (g) Polycopie du tapuscrit de la transcription de la pièce. 21 pp. in-4. (en deux exemplaires).
     
    Photocopie avec soulignements autographes en rouge (de la main de Christian Maurel) d’un document de travail intitulé « Paradise Now : nomenclature des modifications apportées au texte original ».
    54 pp. in-4 sur 2 colonnes.


La colonne de gauche transcrit le texte original et la colonne de droite le texte modifié. Les passages soulignés en rouge sont ceux qui ont été ajoutés ou retranchés. Nombreux commentaires sur ces corrections présentés entre crochets.

  • On joint un article de 4 pp. sur le Living Theatre signé Jacques Nichet et paru dans la revue « Etudes » de janvier 1968.
Paradise Now, sans doute une des pièces les plus radicales du Living Theatre, fit grand scandale au festival d’Avignon 1968. Représentée une première fois le 24 juillet 1968, elle suscita de nombreuses plaintes à cause des scènes de nudité qu’elle contenait et parce que son action se poursuivait dans les rues, et fut immédiatement interdite. Julian Beck et Judith Malina refusant de remplacer Paradise par les deux autres pièces qu’ils jouaient également cette année-là, annoncèrent leur décision de quitter le festival, entraînant de nouveaux débats virulents. Christian Maurel donna dans le « Nouvel Observateur » une série d’articles sur le Living Theatre et Paradise Now (voir (f)).

Paradise Now fut publié en Italie en 1970 et en 1971 aux Etats-Unis.

vendu


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