lundi 28 mai 2012

Religion des Mahométans, reliure de Derome, exemplaire de La Bédoyère puis Brunet puis Rahir

Reland, Hadrian

La Religion des Mahométans, exposée par leurs propres docteurs, avec des éclaircissements sur les opinions qu'on leur a faussement attribuées.
Tiré du latin de M. Reland
[par David Durand] et augmenté d'une confession de foi mahométane, qui n'avait point encore paru.

La Haye, Isaac Vaillant, 1721.



17 x 9,7 cm (R), in-12, CCVII (I) - 317 pp. - frontispice gravé par Jan Goeree - 4 planches gravées hors texte dont 3 repliées - tableau généalogique replié hors texte, reliure de plein maroquin vert, dos lisse orné, triple filets en encadrement sur les plats avec petits fleurons d'angles, roulette sur les coupes, dentelle intérieure, tranches dorées (reliure signée Derome le Jeune).



Première traduction française, faite sur la deuxième édition latine (1717) et augmentée d'une Confession de foi mahométane et ornée de figures.

Exemplaire parfaitement établi par Nicolas-Denis Derome le Jeune (avec son étiquette à l'adresse de la Rue Saint-Jacques, au-dessus de Saint-Benoît) et de provenances successives prestigieuses.



Cet exemplaire figure en effet tout d'abord au n° 84 de la vente de 1837 du comte de La Bédoyère. Henri Huchet, comte de La Bédoyère (1782-1861), frère aîné du général de La Bédoyère (exécuté en 1815), célèbre bibliophile, traducteur du Werther de Goethe et du Tom Jones de Fielding, mit aux enchères sa bibliothèque de livres rares et précieux en 1837 et, devant la modestie des prix atteints, racheta bon nombre de ses livres, qui furent vendus à nouveau, après sa mort, en 1862.



Notre exemplaire fut acheté à cette vente (20 francs) par le libraire et célèbre bibliographe Jacques Charles Brunet (1780-1867), qui le garda pour sa collection personnelle. Dans la dernière édition de son Manuel du libraire, Brunet cote l'ouvrage "de 4 à 6 francs", preuve - s'il en était besoin - qu'un exemplaire bien relié par Derome vaut beaucoup plus.

L'exemplaire figure ensuite à la vente après décès de Brunet du 20 avril 1868, au numéro 73. Nous ne savons pas qui acheta ce livre à cette vente, mais il fut ensuite acquis par Edouard Rahir (1862-1924), libraire tout aussi important et bibliographe averti, qui conserva le livre pour sa collection personnelle puisqu'il y apposa son bel ex-libris doré sur toile.



Acquis ensuite par le libraire et éditeur Louis Conard, il fut vendu une dernière fois par celui-ci (900 francs) le 20 mai 1940 à un collectionneur, alors que les troupes allemandes venaient d'atteindre l'estuaire de la Somme (fiche manuscrite de la librairie Conard et facture conservées). A l'époque, Conard n'avait pas su déterminer que cet exemplaire Rahir était également l'exemplaire La Bédoyère et l'exemplaire Brunet.



Hadrian Reland [ou Adriaan/Adrien Reland ou Reelant/Reeland ou, en latin, Hadrianus Relandus] (1676-1718), professeur d'antiquités hébraïques et de lanques orientales, fils d'un pasteur protestant, fut l'un des pionniers de l'orientalisme, émettant le premier l'hypothèse d'une famille de langues malayo-polynésiennes (ou austronésiennes) et donnant, le premier, une description objective de l'Islam, avec l'ouvrage que voici. 


Bel exemplaire, relié par l'un des trois plus grands relieurs du XVIIIe siècle et de la plus belle provenance dont on puisse rêver (dos légèrement insolé, petites colorations aux plats, sans aucune gravité).

(BRUNET, IV, 1203)



2 200 €


vendredi 25 mai 2012

Mémoires de la reyne Marguerite, 1658, reliure de Simier, 1re édition elzévirienne

Marguerite de Valois, reine de Navarre

Mémoires de la reyne Marguerite
Nouvelle édition, plus correcte

Paris [Bruxelles], Jouxte la copie [François Foppens], 1658.



14 x 7,7 cm (R), petit in-12, 197 pp. - 1 f. bl. - portrait de Henri IV gravé par Saint-Aubin et édité par Antoine-Augustin Renouard ajouté en frontispice, reliure de plein maroquin bleu nuit à grain long, dos à 5 petits nerfs orné de motifs à froid portant en leur centre des fers dorés, plats ornés d'un motif à froid en encadrement central, lui-même encadré de deux filets d'encadrement reliés aux angles par quatre larges fleurons, roulette sur les coins, roulette à froid et filets d'or sur les contre-plats, secondes gardes en vélin souple, tranches dorées (reliure signée de Simier, relieur du roi).



La première, la plus rare et la plus recherchée des éditions dites elzéviriennes. Elle porte en cul-de-lampe, à la fin du volume, la figure d'un coq, comme l'édition de 1659 au nom de François Foppens, dont la pagination est identique.

En 1839 Brunet qualifie cette édition de véritable Elzevier avant de se rétracter en 1862, indiquant "[qu'] il est fort douteux que cette édition soit sortie des presses des Elzevier ; [et que] c'est néanmoins celle qu'on choisit de préférence aux autres pour la collection de ces imprimeurs". Charles Motteley avait en effet, en 1847, attribué cette édition à François Foppens, attribution confirmée par Willems, qui précise qu'il existe également une mauvaise contrefaçon de cette édition, sans le coq.



Étiquette de la bibliothèque de l'abbaye de Battle (Battle Abbey, construite sur les lieux de la bataille d'Hastings : c'était l'une des résidences de Harry George Powlett, 4e duc de Cleveland, dont la bibliothèque fut dispersée en 1902 par Sotheby's) et ex-libris héraldique "Esher" à la devise "tria juncta in uno" (probablement celui de William Baliol Brett, 1er vicomte d'Esher ou de Reginald Baliol Brett, 2e vicomte d'Esher).



Bel exemplaire, très bien établi par René Simier, enrichi d'un bon portrait par Saint-Aubin et de provenance intéressante (menues usures aux mors et aux coiffes).



(BRUNET, III, 1419 ; PIETERS, 245 ; MOTTELEY, 24 ; WILLEMS, 1981)

vendu