22 juin 2017

Raoul Ubac illustre Proximité du murmure de Jacques Dupin (Maeght, 1971)

Jacques Dupin

Proximité du murmure
[Eaux-fortes de] Raoul Ubac


Sl, Maeght, 1971.


43 x 30 cm, grand in-folio, 38 (5) pp., 8 eaux-fortes originales en noir dont 2 dans le texte et 6 hors texte, en feuilles sous couverture blanche à rabats imprimée et illustrée d'une petite vignette, coffret de l'éditeur.


Première édition illustrée et premier tirage. Tirage à 195 exemplaires, tous sur vélin de Rives avec les eaux-fortes tirées sur Japon Hosho contrecollées. Celui-ci (n° 31) l'un des 25 comportant une eau-forte refusée, signée et justifiée. Exemplaire également signé au colophon par l'auteur et l'artiste.


Bel exemplaire (petites salissures au coffret, le reste comme neuf). (MONOD, 4115)


vendu



20 juin 2017

Travaux de l'architecte Otto Bauer (1897-ca 1965) à Vienne et Paris

Nous vous présentons quelques documents laissés par l'architecte Otto Bauer dans son atelier de l'avenue du Président Wilson à Paris quand il l'a quitté dans les années 1960.



De cet architecte d'origine viennoise nous connaissons peu de choses et ignorons jusqu'à la date de sa mort. Il est né à Vienne en 1897 de parents de confession juive. Il a fait des études d'architecture de 1917 à 1921 à l'Université technique de Vienne (Technischen Hochschule). Parallèlement il a suivi l'enseignement d'Adolf Loos dans son école d'architecture privée.

Il réalise ensuite des aménagements intérieurs et du mobilier à Vienne, dont l'appartement de Josef et Alice Morgenstern (voir document 1). En 1925 il fonde avec Martin Ziegler et Josef Berger, une "Alliance des jeunes architectes autrichiens" ( Bund Österreichischer Architekten, B. Ö. A.).

En 1926, il s'installe à Paris, 9 avenue du Président Wilson. Il réalise deux restaurants et "bars automatiques" "Presto" (voir documents 2 et 3) en 1930, ainsi que le bâtiment du quotidien "Le Journal"). Un projet de "Presto Palace" semble avoir été abandonné. Il réalise également une villa à Garches, 2, rue du Marquis de Morès, (qui deviendra plus tard la résidence du chanteur Guy Béart).

Toujours dans les années 1930, il construit un immeuble à Vienne, Zeleborgasse 7. Il participe également à divers concours, dont celui pour le pavillon de l'Autriche à l'exposition universelle de 1937.

On ne sait pratiquement rien de sa vie et de ses activités ensuite, si ce n'est qu'il s'est probablement caché dans le sud de la France pendant l'Occupation. On ignore la date son décès, classiquement notée comme "vers 1965".

sources : 



1. Sept photographies originales documentant le mobilier dessiné pour la résidence du Dr Josef Morgenstern et sa femme Alice à Vienne (Apfelgasse 3)




8 tirages (une des 7 photographies en double) argentiques d'époque de 40 x 29,5 cm chacun :
  1. salle de musique (en double)
  2. bibliothèque
  3. étagère
  4. fauteuil et table basse
  5. miroir, lampes et desserte
  6. commode (manque angulaire)
  7. baignoire.


Les photographies (1) et (7) sont reproduites dans "Innen-dekoration", 1924, p. 344 et p. 349, certaines sont probablement reproduites dans "Oesterreichs Bau- und Werkkunst", 1925/26, pp. 225-229 (nous n'avons pas vérifié). Parmi les premières réalisations de l'architecte. Trous et traces de punaises dans les coins, manque angulaire à un tirage. 



vendu


2. Cinq études d'architecture pour les "bars automatiques Presto" à Paris (14 bd des Italiens et Place de la Bourse), 1930 

5 dessins originaux signés :

  1. extérieur du bar automatique Presto 14 bd des Italiens, encre de Chine et aquarelle signée sur calque monté sur carton (image : 42,5 x 28,5 cm, carton : 65 x 49 cm),
  2. étude pour l'extérieur pour un bar Presto (non retenu ?), encre de Chine et crayons gras signé et daté (1930) sur calque monté sur carton (image : 62,5 x 43 cm, carton : 63 x 58 cm),
  3. projet d'intérieur, encre de Chine, aquarelle et crayon gras signée sur calque monté sur carton (image : 46,5 x 33 cm, carton : 64,5 x 50 cm),
  4. projet d'intérieur, encre de Chine et crayons gras signé et daté sur calque monté sur carton (image : 62 x 30,5 cm, carton : 62 x 47,5 cm),
  5. projet d'intérieur, encre de Chine, aquarelle et crayon gras signée sur calque monté sur carton (image : 19 x 17,5 cm, carton : 30,5 x 23 cm). Deux des cartons portent en outre le cachet de l'architecte.








La façade du 14 bd des Italiens fut réalisée quasiment à l'identique. D'après les documents que nous avons pu voir, le mobilier et certains aménagements intérieurs figurant dans les études sont identiques ou proches de ce qui a été finalement réalisé. Né à Vienne en 1897 l'architecte Otto Bauer s'est installé à Paris en 1926. Il y réalisa les bureaux du quotidien "Le Journal", ainsi que ces deux "bars automatiques" de la chaine "Presto", l'un 14 bd des Italiens (actuellement occupé par la BNP), l'autre à l'angle de la place de la Bourse, de la rue Vivienne et de la rue des Filles-Saint-Thomas, à l'emplacement de l'actuel immeuble de l'Autorité des Marchés Financiers (AMF). Saisissants dessins d'architecture art-déco. Salissures et petits accidents aux cartons, les études elles-mêmes en bel état, sauf la plus petite d'entre elles, avec une trace de pliure longitudinale.

vendu

nota : il est amusant de comparer la façade du 14 boulevard de Italiens dans les années 1930 avec ce qu'elle est aujourd'hui.




3. Vigneau, André (1892-1968)
Intérieur du bar automatique "Presto", place de la Bourse à Paris (architecte : Otto Bauer), vers 1930

Deux tirages gélatino-argentiques d'époque assemblés en un panorama de 34,5 x 16 cm et montés sur carton (49 x 32 cm), signature du photographe sous l'image, étiquette du studio photo Lecram en bas à droite.



L'un des deux "bars automatiques" et restaurants "Presto" réalisés par Otto Bauer à Paris, celui-ci, à l'angle de la place de la Bourse, de la rue Vivienne et de la rue des Filles-Saint-Thomas, à l'emplacement de l'actuel immeuble de l'Autorité des Marchés Financiers (AMF). Ce sont de beaux exemples du fonctionnalisme art déco. André Vigneau a créé en 1930 le studio Lecram, dans lequel il aura comme assistants Robert Doisneau et François Kollar. Petit accident dans le coin supérieur gauche du carton, tirage en bel état.

380 €

4. Cinq esquisses pour des projets non réalisés

Pour le plaisir, nous vous présentons cet ensemble d'esquisses au fusain sur papier calque, que nous avons données ou vendues à des amis qui nous sont chers.






(collections particulières)

17 juin 2017

Dessin original de Pierre Alechinsky sur L'Origine du monde de Pierre Michon (1992)

Pierre Michon

L'Origine du monde
[Gravures de] Pierre Alechinsky



Sl [Montpellier], Fata Morgana, 1992. 




38,5 x 29 cm, in-folio, 46 (5) pp. - 6 pointes-sèches en noir avec encadrement gravé à l'aquatinte en couleurs hors texte, en feuilles sous couverture blanche à rabats illustrée en couleurs sur les deux plats, chemise et étui de l'éditeur.




Edition originale et premier tirage. Tirage à 120 exemplaires sur vélin d'Arches, comportant les 6 gravures signées par l'artiste (n° 98).




Celui-ci comportant un beau dessin original à l'aquarelle signé d'Alechinsky couvrant tout le premier feuillet blanc (37,5 x 28 cm) entourant un bel envoi à Pierre Dumayet, "pour son 70ème mardi-gras, avec l'affection des ses amis Pierre et Micky, 23 (-11 jours). 02. 1993". Très bel exemplaire.




vendu




15 juin 2017

Eduardo Chillida illustre Le Chemin des devins de André Frénaud, exemplaire enrichi d'une eau-forte (Bi-Esku I)

André Frénaud

Le Chemin des devins, suivi de Ménerbes. [Eaux-fortes de] Eduardo Chillida.




Sl, Maeght, 1966.

36,5 x 30,5 cm, in-folio, 47 (6) pp., 9 eaux-fortes en noir à bords perdus dont une en frontispice et 2 à double page (la première des planches doubles est sur le recto du feuillet et est parfois comptée comme deux planches simples), en feuilles sous couverture rempliée ornée d'une grande empreinte originale de l'artiste, coffret de l'éditeur de papier blanc chiné, imprimé au dos.



Premier tirage des eaux-fortes de Chillida. Edition originale pour Le Chemin des devins, Ménerbes étant paru une première fois en 1962. Tirage à 175 exemplaires, celui-ci l'un des 25 sur papier d'Auvergne (n° 34), signé par l'auteur et l'artiste.



Exemplaire enrichi d'une estampe (eau-forte) en diptyque (Bi-Esku [deux mains]) signée et numérotée (E.A. 1/4), tirée sur le même papier que l'ouvrage, et aux mêmes dimensions. Sur le deuxième feuillet blanc, face à l'estampe, expliquant sa présence ici, cet envoi autographe signé de Chillida :

"La main dans le livre, à Pierre Dumayet, cordialement, Chillida, St Paul de Vence, 27-9-71".


L'eau forte Bi-Esku (1971) est très rare puisque tirée à 4 épreuves seulement, toutes en épreuve d'artiste (cf. Van der Koelen, n° 71011). Elle reprend sur une seule planche les compositions Esku I (Van der Koelen, n° 71008, tirage : 74 épreuves) et Esku III (Van der Koelen, n° 71010, tirage : 63 épreuves).



Superbe livre très joliment enrichi par l'artiste. Très bel exemplaire (coffret légèrement et partiellement bruni). (VAN DER KOELEN, 66007-66017; MONOD, 5004)



vendu


10 juin 2017

Robert Desnos : Manuscrit autographe du discours de Michel Hollard devant ses cendres et lettre autographe signée à Youki Desnos

Hollard, Michel (1898-1993, Résistant français)

Manuscrit autographe de son discours devant les cendres de Robert Desnos le 17 octobre 1945 et Lettre autographe signée à Youki Desnos

1) Lettre autographe signée à Youki Desnos, 1 1/2 pp. in-8, datée du 20 octobre 1945, sur papier à en-têtre du Gouvernement Provisoire de la République Française : comme elle l'a demandé, il envoie "les notes [qu'il] a lues mercredi dernier, devant l'urne qui recélaient les cendres de notre Robert", il regrette de ne pas pouvoir assister à la cérémonie (du 24 octobre 1945) et il charge le lieutenant Rubenach d'y assister (enveloppe conservée, au verso de laquelle Youki Desnos a noté l'adresse de Jean Dubuffet à l'époque).




2) Manuscrit autographe de 3 pp. in-12, détachées d'un carnet :

Robert mon camarade qui as répondu, dès qu'il est venu, à l'appel du Devoir. 
Robert, avec moi les compagnons du réseau "AGIR" viennent t'apporter leur message. 
Tu avais la sécurité, tu as préféré le risque.
Tu avais la vie et le confort, tu les as délaissés pour nous aider à retrouver les Raisons de Vivre. 
Tu avais le Bonheur, tu avais l'Amour - et nous savons combien ils t'exaltaient ! 
tu n'as pas voulu en profiter au prix de la servitude.
Avec nous tu as lutté. Fidèlement, obstinément, avec une efficacité que le commandement connaît bien, tu as épaulé notre effort contre l'envahisseur ; et cet appui, l'ennemi aurait bien voulu le découvrir. Les camarades pris avec moi le 5 février 1944 savent avec quelle volonté sauvage il s'est évertué à m'en faire désigner l'auteur sous la torture. Ils savent, comme toi, que je ne t'ai pas trahi et qu'après notre disparition, il ne tenait qu'à toi de reprendre paisiblement une vie redevenue sans secousse. 
Tu n'as pas voulu de cette désertion. Tu es rentré dans l'action jusqu'à ce que tu sois atteint à ton tour, jusqu'à ce que toutes tes forces y eussent passé. 
Alors, tu as succombé, et nous ne devions plus te revoir. 
Mais, Robert, tu ne nous as pas quittés ! Invisible, tu restes parmi nous, dans nos coeurs, et dans les tâches qu'il nous reste à accomplir, tu seras là, témoin affectueux, pour nous rappeler à notre devoir. 
Oui, Robert, tes camarades essayeront de ne pas être indignes de ton exemple. 
De notre coeur serré, de toute notre volonté fervente, nous te disons : "Au Revoir".


L'un des rares témoignages écrits, si ce n'est le seul, sur l'activité de résistant de Robert Desnos. Celui-ci est inconnu des biographes (de Marie-Claire Dumas notamment, qui s'est appuyée sur des sources orales, notamment sur le témoignage du fils de Michel Hollard, Vincent) et inédit.

Michel Hollard, surnommé "l'homme qui a sauvé Londres" par les Anglais, a constitué le réseau AGIR en 1941 : c'est sur ses renseignements que les Anglais ont pu détruire fin 1943 les sites de lancement des missiles V1. Robert Desnos a rejoint le réseau de Michel Hollard dès juillet 1942, engagement qu'il paya de sa vie : arrêté le 22 février 1944 sur dénonciation, il meurt le 8 juin 1945 des suites de sa déportation.

Au retour des cendres du poète à Paris, le 15 octobre 1945, Paul Eluard (que Desnos n'aimait pas) prononça un discours grandiloquent et célèbre. Le discours du colonel Hollard, prononcé deux jours plus tard, probablement dans l'intimité de la légation tchécoslovaque à Paris, est tout son contraire.

vendu