Un frontispice inconnu d'Albert Gleizes pour : Joseph Billiet, Introduction à la vie solitaire, 1910.

Billiet, Joseph

Introduction à la vie solitaire (1905-1909).

[Avec un frontispice par Albert Gleizes]

Lyon, L'art libre, 1910 (imp. The "St. Catherine Press Ltd.", Bruges). 21 x 14,5 cm, in-8, 144 (1) pp. - frontispice en noir reproduit en phototypie sur papier couché. 

Edition originale. Tirage à 310 exemplaires. Celui-ci sur Featherweight un exemplaire d'auteur justifié "J. B." à la presse et enrichi d'un envoi autographe signé de l'auteur daté de 1917.

Le frontispice par Albert Gleizes, de style pré-cubiste, est pratiquement inconnu. Il est fait d'après un lavis qui n'est pas décrit dans le catalogue raisonné des œuvres de Gleizes mais ressemble à une série d'encres, lavis ou huiles faits à Bagnères-de-Bigorre, dans les Pyrénées ou sur les bords de Marne en 1909 (nn° 258 à 268 du catalogue raisonné). Nous ne savons donc pas où se trouve l'original ni même s'il existe encore. Le livre lui-même et son beau frontispice est inconnu des livres traitant de Gleizes.

Il est à noter que le poème en prose des pages 77 à 80, intitulé "Le Temple", daté et situé Le Caire - mai 1908, est dédié à Gleizes. Ce poème commence ainsi : "J'avais bâti mon temple au milieu de la forêt au printemps. J'avais garni ses colonnes et ses portiques de fleurs humides, douces et fraîches comme des lèvres d'enfant." Or la composition de Gleizes figure un temple au fond d'un bois.

Il s'agit du deuxième livre où figure une composition de Gleizes, la première ayant paru en frontispice de Artificiel de Pierre-Jean Jouve en 1909. En 1910 il composera une suite de gravures pour Le Bocage amoureux de Roger Allard qui paraîtra en 1911.

Il est à noter que Roger Allard publiera dans l'importante revue lyonnaise "L'Art libre" dirigée par Joseph Billiet (18 numéros de 1909 à 1911) le premier article consacré à Gleizes, Metzinger et Le Fauconnier ("Au salon d'automne de Paris", novembre 1910, pp. 441-443) et que Gleizes est cité comme l'un des collaborateurs de la revue, même s'il ne semble pas y avoir contribué. On notera également qu'après guerre Joseph Billiet entamera une carrière de critique d'art, galeriste puis conservateur de musée.

Rare.

Rousseurs.

250 € 

Nikita Alexeev (Nikita Alekseev) : 2 livres d'artiste, 1992.

Alexeev, Nikita (Nikita Alekseev) / Nikitine, Alexeï

Ceux qui sont pendus

(God can be like this nn° 900-965)

Ceux qui volent

(God can be like this nn° 966-1010) 

Levallois - Moscou, Masline Boutikov - Dablus, 1992.

2 volumes in-4, 31,5 x 23,5 cm, 35 ff. - 25 ff , 66 et 47 dessins reproduits en offset sur vélin-vergé fort, 2 volumes reliés en spirale par une ficelle de chanvre sous des plats de carton imprimés.

Editions originales. Tirage unique à 160 exemplaires, ceux-ci parmi les 110 exemplaires "ordinaires", numérotés (57 et 91) et signés chacun deux fois par l'artiste, une fois de son vrai nom, Nikita Alexeev, puis du nom de son hétéronyme, Alexeï Nikitine.

Chaque volume fut publié séparément (chacun porte un ISBN distinct) et l'éditeur indique que deux autres volumes furent également commercialisés (les 25 exemplaires de tête étant réunis sous un même coffret en bois), mais nous n'avons pas réussi à identifier ces deux autres titres, tant ils sont rares, comme les deux nôtres (aucun exemplaire au CCFr ni au KvK).

Le premier volume nous montre diverses bestioles, personnages et objets loufoques pendus sous un impératif et qui ont quelque chose d'important à dire. Le second présente d'autres figures flottant au-dessus de subjonctifs et nous assénant d'autres sentences définitives.

Né en 1953, Nikita Alexeev (ou Nikita Alekseev ou Nikita Alexeiev, selon la translittération), alias Alexeï Nikitine, est une figure majeure de la seconde avant-garde russe ou conceptualisme de Moscou ("Moscow conceptualism"). Il est, avec Andreï Monastyrski, l'un des membres fondateurs du groupe "Actions collectives" ("Collective actions") au milieu des années 1970, groupe qu'il quitte en 1983. C'est la pièce unique de son appartement moscovite qui est devenue en 1982 la première galerie d'Apt-art (appartment art), terme qu'il inventa.

Il a vécu en France de 1987 à 1993, ce qui explique l'existence de cette très rare et totalement délirante publication en français. Les fautes de français y sont nombreuses, mais c'est parfois à se demander si elles ne sont pas volontaires, pour quelqu'un qui parle, par exemple, de "théologie apophtatique". Elles ajoutent, quoi qu'il en soit, au caractère décalé et puissant de l'ensemble. 

Contrairement à Ilya Kabakov, qui semble l'avoir fortement influencé au début des années 1980, et qui, comme lui, a quitté l'URSS en 1987, Alexeev vit à nouveau à Moscou depuis 1993, où il travaille et écrit.

Rarissime, génial et en très bel état.

vendu

le 30 octobre 2015 - un nouvel exemplaire du premier volume seul (Ceux qui sont pendus), avec quelques rousseurs : vendu

Pour plus d'informations voir le beau catalogue fait par son galleriste moscovite, GMG, ici.