Folon, Jean-Michel
Deux portraits photographiques "inconnus" et "ratés" d'Ezra Pound à Venise, circa 1970, par Jean-Michel Folon
Deux tirages gélatino-argentiques d'époque, tous deux avec cachets et mentions variées de l'hebdomadaire "L'Express". 27 x 20,5 cm pour le premier, 29,5 cm x 24 cm pour le second, celui-ci avec des trais au crayon rouge pour son recadrage dans "L'Express".
Les deux portraits ont été publiés, comme en attestent les divers tampons, dans "L'Express" du 4 décembre 1972 (n° 1117), le premier p. 154, le second p. 155, recadré. Dans le même numéro figurait également un troisième portrait de Pound par Folon, debout et tête levée, dont nous n'avons pas trouvé de tirage (mais connaissons le négatif).
Ces trois photos, qui à notre connaissance n'ont pas été publiées ailleurs, étaient accompagnées d'un joli texte de Folon intitulé "Le spectre de Pound" qui explique comment il a pris ces clichés. Nous le retranscrivons intégralement :
Nous somme entrés dans un jardin très beau. Avec ses cheveux tellement blancs, son long corps maigre, il ressemblait à un spectre.
Mon ami Fulvio Roiter, le photographe vénitien, avait été chargé d'un reportage. Moi, je regardais ce mort-vivant, dans une lumière inoubliable. Je me rappelle de la lumière, comme dans les aquarelles de Turner sur Venise. Je voulais le lui dire. Mais il paraissait tellement loin de ce monde-ci. Parfois, le déclic de l'appareil de Fulvio rompait le silence. Le temps s''était arrêté. J'ai dit à Mme Pound que c'était une situation étrange : est-ce que son mari était vraiment absent de tout ce qui se passait autour de lui ? "Vous pensez que vous le dérangez, mais ne vous y trompez pas. Au fond, il sait l'impression qu'il donne, il sait qu'il est beau."
Nous nous sommes promenés dans le jardin. J'ai pris, moi aussi, quelques photos, il semblait qu'après tout ce soit une chose à faire. Et Ezra Pound a levé la tête. J'ai compris en un instant qu'il était complètement lucide. Son oeil de rapace m'a transpercé. Difficile d'oublier cette petite boule noire d'acier qu'il avait au fond de l'orbite, et qui vous jugeait.
Nous sommes partis. Le film s'est mal enroulé dans l'appareil. Les images se sont superposées. Comme si son univers mental l'avait emporté sur son apparence physique. Mais il ne pouvait en être autrement avec Ezra Pound.
Deux très rares photos du grand poète moderniste au crépuscule de sa vie. Ces tirages sont tous deux très probablement uniques et constituent un document exceptionnel. (Nous joindrons les photocopies d'après microfiche des pages de l'Express ou ces images apparaissent.)
2 200 €
Ces photographies sont présentées avec d'autres dans notre dernier catalogue, que vous pourrez consulter ici : catalogue n° 15, dessins, estampes, photographies originales
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